Burundi
L’Église adventiste du 7e jour a dénoncé le “harcèlement” dont elle fait l’objet de la part du gouvernement du Burundi, l’accusant d’avoir fait arrêter deux de ses dirigeants et 21 fidèles depuis début mai, dans un communiqué parvenu mercredi à l’AFP.
“Depuis plus de six mois, le gouvernement burundais a de plus en plus harcelé et malmené l‘Église adventiste en emprisonnant, frappant et intimidant (ses) dirigeants et membres”, a accusé Ted Wilson, président de l’Église adventiste, dans ce communiqué daté de Silver Spring aux États-Unis, où elle a son siège.
M. Wilson a annoncé que, le 10 mai, le président de la branche burundaise de l’Église, le pasteur Lamec Barishinga, avait été arrêté avec un de ses adjoints, le pasteur Lambert Ntiguma. Il a dénoncé une arrestation contraire à “la liberté religieuse et la liberté de conscience”.
Elle fait suite à celle début mai à Bujumbura de 21 adventistes, ont indiqué à l’AFP un autre pasteur adventiste et des témoins.
Ils ont été arrêtés car Lamec Barishinga, nommé en novembre, a refusé de céder son poste à son prédécesseur, le pasteur Joseph Ndikubwayo, “qui est proche du pouvoir et a le soutien du ministre de l’Intérieur”, a expliqué la même source ecclésiastique.
“Problèmes à l’intérieur de l‘Église”, “Perturbation de la sécurité nationale”
M. Ndikubwayo avait été destitué en novembre. Il était notamment accusé de détournement de fonds et d’avoir accepté d’être nommé en 2016 au Conseil national de sécurité (CNS) du Burundi, présidé par le chef de l‘État Pierre Nkurunziza.
Cela “contrevient fondamentalement à la doctrine de notre Église”, a déclaré à l’AFP un autre pasteur adventiste, ayant également requis l’anonymat.
Mais le ministre burundais de l’Intérieur Pascal Barandagiye a refusé de prendre acte du remplacement de M. Ndikubwayo.
Dans une lettre adressée à M. Wilson en avril et consultée par l’AFP, il a invoqué “les problèmes à l’intérieur de cette Église et la perturbation de la sécurité” pour considérer M. Ndikubwayo comme le représentant légal de l’Église adventiste, jusqu‘à une prochaine élection.
Le Burundi est en crise depuis que le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat. Il avait été réélu en juillet de la même année.
Les violences et la répression qui ont accompagné la crise auraient fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, d’après les estimations de la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête.
Le gouvernement a adopté depuis de nouvelles lois lui ayant permis de s’assurer un contrôle très strict des associations à but lucratif ou des églises locales.
L’Église adventiste compte quelque 150.000 membres au Burundi et est l’une des plus anciennes du pays.
AFP
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